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« L’impitoyable loi du bad beat » by Philippe Ktorza

Comment gérer un bad beat et les réactions que l’on a souvent ?

Un ami à moi m’a dit l’autre jour : « Philippe, as-tu déjà remarqué que l’on se souvenait plus précisément des bad beat que l’on a pris plutôt que les beaux coups que l’on a remportés ? ». Je me suis immédiatement rendu compte qu’il avait raison. Les mauvais coups liés à la malchance, parce qu’ils sont injustes, s’enregistrent plus facilement dans notre mémoire. Les réussites procurent de belles sensations, je ne dis pas le contraire, mais la douleur marque plus l’esprit.

Il suffit de sortir du cadre du poker pour s’en convaincre. Tout le monde se souvient de toutes ses souffrances, de ses blessures physiques, de ses examens douloureux, de ses moments difficiles qui engendrent de la peine… Par contre, les bons moments, on a tendance à les occulter plus vite… Probablement parce que l’on a tendance à les savourer, à les vivre pleinement au lieu de les rejeter. Le problème, c’est que ce rejet de quelque chose de désagréable reste profondément ancré.

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Mais il faut également l’avouer : l’Homme aime se plaindre. Combien de fois vos amis sont venus vous voir pour vous raconter un bad beat ? Combien en avez-vous entendus ? Toujours des coups improbables… Vous savez d’avance comment l’histoire va se terminer, mais vous écoutez tout de même, pour soulager votre ami dans un premier temps, et pour voir si celui-ci diffère du précédent.

Le bad beat fait partie intégrante du poker. Il y a celui que l’on mérite et il y a celui que l’on ne mérite franchement pas. Dans le premier cas, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même. Vous avez voulu piéger vos adversaires en slowplayant votre paire d’As préflop ? Résultat des courses vous vous faites battre par une main pourrie qui touche une double paire miracle ou que sais-je encore… Vous avez pris un risque, ne vous plaignez pas s’il n’a pas été gagnant !

Dans le second cas, vous avez joué à la perfection mais votre adversaire a voulu jouer cette même main pourrie car il s’agissait, je cite, de « sa main fétiche avec laquelle il ne perd jamais » ! Dans la première situation vous pouvez être énervé contre vous-même, dans la seconde vous êtes en colère contre ce que vous voulez : la malchance, le destin, le croupier (c’est mal, je vous rappelle qu’il n’y peut rien), le site sur lequel vous jouez… Le joueur essaye souvent de trouver une explication rationnelle à un pur coup de malchance. Mais finalement, y a-t-il besoin d’une explication ?

Oui, le bad beat est fatigant et parfois on les enchaîne, mais que serait le poker sans ces coups de malchance ? Si toutes les rencontres paire d’As contre paire de Rois à tapis préflop étaient jouées d’avance, où trouverions-nous l’adrénaline ? Il y a le bluff qui en procure énormément, c’est vrai, mais avouez que la perception du bad beat vous fait battre le palpitant plus vite…

Si la main de départ la plus forte remportait à chaque fois le coup, il y aurait, je pense, moins de sensations fortes. Les meilleures choses dans la vie sont les plus dures à obtenir. S’il n’y avait pas de bad beat, le poker serait bien triste.

Attention, je ne suis pas masochiste ! Je dis juste que cette part négative de hasard est essentielle au jeu. Il faut faire avec… Et ça, ce n’est pas toujours facile, car comme je vous le disais, parfois il s’agit d’une chose qui n’est pas rationnelle. Certes, il y a des statistiques et des probabilités. J’ai 70% de chance de gagner ce coup et finalement je le perds. Certes, j’avais 30% de chance de perdre ce coup, mais pourquoi est-ce que je le perds maintenant ?

C’est comme ça. Une prochaine fois vous n’aurez que 30% de chance de gagner le coup et pourtant vous prendrez tous les jetons. Il faut savoir, dans un premier temps, analyser le coup et savoir s’il a été bien joué ou mal joué. S’il a été bien joué, je sais que le sentiment d’injustice peut vous envahir… J’ai déjà ressenti ça de nombreuses fois. Mais il faut absolument rester sur l’analyse que vous faites du coup. Si vous avez bien joué, mais que vous avez perdu le coup, ne cherchez surtout pas plus loin.

C’est douloureux, je le sais, et à la suite d’un bad beat les joueurs ont parfois tendance à changer leur manière de jouer. Ils veulent parfois récupérer ce qu’ils ont injustement perdu. Ils cherchent, finalement, à se venger du bad beat si je puis dire. Je l’avoue, j’ai déjà perdu les pédales à la suite d’un mauvais coup. Votre rigueur s’envole, votre plan s’évapore… Il y a une sorte d’abandon sans forcément se le dire. On ne fait plus attention aux proportions, les jetons ne sont plus que des rondelles en plastique que l’on balance au centre de la table et advienne que pourra.

Un bad beat pris alors que l’on a bien joué est quelque chose de douloureux et il faut avoir un mental extrêmement fort pour pouvoir encaisser ça et faire le deuil de ses jetons. Il faut faire abstraction le plus vite possible et se concentrer à nouveau. La préparation mentale est très importante et prend tout son sens lorsque l’on se prend un bad beat.

L’autre chose que vous avez probablement remarquée, c’est que le bad beat intervient toujours au pire moment. Un pot pour passer chipleader ou largement au-dessus de la moyenne, un pot pas loin de la bulle, un pot qui vous aurez assuré une table finale ou que sais-je encore…

Mais je pense qu’il s’agit de quelque chose de normal… En effet, je pense que le bad beat est lié à la prise de risque. Un joueur qui prend peu de risque sera moins exposé au bad beat. Le problème, c’est que pour monter des jetons, il faut savoir, à un moment ou à un autre, prendre des risques. On décide de faire de la value au flop, malheureusement le turn est une carte qui fait rentrer un tirage (que votre adversaire touche). Essayer d’induire un adversaire en erreur est un risque que l’on prend. Plus on prend de risque, plus on a de chance de prendre un bad beat.

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Le risque est une caractéristique inhérente au poker. Il faut savoir en prendre. On s’expose donc au bad beat. Mais admettez-le aussi… Si ce risque paye… Vous aurez ressenti quelque chose de fort. L’adrénaline que procure le poker vient aussi de là et c’est aussi ça qui nous plait. Donc finalement, les bad beat, on ne les déteste pas tant que ça…

Et puis parfois, au lieu d’en prendre, on en met ! Pour gagner un tournoi, il faut passer des coups où l’on ne part pas favori. Le vainqueur d’un tournoi sera passé, aussi, par la case bad beat… Il en aura certainement plus mis qu’il n’en a pris, mais nous sommes tous égaux face à cette manifestation de la malchance. Nous en avons déjà tous pris et nous prendrons toujours plus tard. Il faut faire avec !

Je tiens également à vous dire ceci. Si vous vous prenez un bad beat injuste (vous n’avez donc pas mal joué) et que vous n’êtes pas éliminé, surtout maîtrisez vos émotions. Combien de joueurs sont revenus du diable vauvert avec quelques blinds et ont fini par toucher de l’argent ? Tant que vous avez des jetons, respectez-les. Continuez de jouer bien. Même si vous perdez sur un bad beat, si vous avez pris les bonnes décisions et si vous avez bien joué, vous aurez déjà accompli le principal et vous n’aurez aucun regret à avoir. Ne cherchez pas à donner une explication à une chose qui n’est pas rationnelle. Acceptez-le.

Facile à dire… En plus, comme je vous le disais, j’ai déjà, de nombreuses fois, fini par faire n’importe quoi à la suite d’un mauvais coup. Mais il faut se faire violence pour reprendre le contrôle. Essayez de trouver un moyen à vous pour gérer ça et passer à autre chose. Marchez un peu, allez boire un peu d’eau, faites en sorte de l’oublier le plus vite possible. Cela passe donc par ne pas le raconter à qui veut l’entendre !

Et puis dites-vous que lorsque vous mettez un bad beat, vous vous sentez mieux, chanceux, limite invincible. Là, bizarrement, vous ne cherchez pas d’explication, c’est la chatte, c’est la chatte et puis c’est tout. Après tous les bad beat pris, c’est limite juste ! Comme quoi, le bad beat a deux visages. Il nous rend fort ou nous envoie parler aux oiseaux… Mais quoi que l’on fasse, on ne peut pas l’éviter.

Étrangement, j’ai entendu, je ne sais pas combien de fois, des amis perdre gros en début de tournoi. Notamment avec des premiums… Normal ! Au début de chaque tournoi vous commencez avec beaucoup Big Blinds. Vous, avec votre grosse main, vous allez relancer à trois fois la Big Blind, peut-être un poil plus si vous voulez être tranquille. Trois ou quatre Big Blinds sur 300, qu’est-ce que c’est ? Vos adversaires peuvent se permettre d’aller voir un flop et de toucher un petit quelque chose pour vous embêter. C’est aussi là que vous pouvez perdre le plus… Ou gagner des clopinettes (sauf rencontre vraiment heureuse).

Bref ! Vous jouez au poker, vous connaissez ces situations… Pas besoin de jouer un European Poker Tour ou un event des World Series Of Poker pour savoir de quoi je parle. Le bad beat touche tout le monde sans distinction. Finalement, il y a une certaine justice là-dedans !

Si je peux vous donnez un dernier conseil : prenez le temps. N’hésitez pas à réfléchir, à évaluer le risque que vous comptez prendre. J’ai moi-même tendance à aller plus vite que la musique et ce n’est qu’après que je me dis « Mais que je suis bête ! ». Un tournoi ne se gagne pas sur UN coup, mais sur un ensemble de bonnes décisions. Si vous prenez les bonnes décisions et que vous réussissez à gérer vos bad beat, alors la route vers la victoire sera toute tracée !

 

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